Ciro Rizzo dans cette nouvelle exposition Fleurs de ruine nous renvoie à une identité picturale essentielle, celle d’une technique libre, énergique et d’une écriture sensuelle, charnelle, vagues d’émotions soulevées par la nature.

Les fleurs deviennent son thème de prédilection. Des motifs délicats, transparents, esquissés, lumineux mais contrastant avec des violentes retombées de pétales ou de pétioles éclatés. Les fleurs blanches, diaphanes au cœur gris ou noir émergent d’un rouleau de terre ; d’autres astres brillants sortent d’un nul part de la nuit. Alors que des bouquets cuivrés sont bousculés par le vent et que des fleurs de cet autre bouquet semblent se déchirer.

Vertige des pétales d’un gris translucide, émaillés d’un rouge égaré.

Les arbres tourmentés, révoltés, procèdent de la même folie picturale : l’un innervé de rameaux est foudroyé de rouge, l’autre, ombre noire, se détache sur un ciel vert soustrait à la prairie.

Les silhouettes qui évoquent celles de Soutine défient les formes. Le grand personnage, sortant de l’ombre indistincte, étreint l’amas de fleurs... pour le faire renaitre ?

«Peindre» la qualification première de Ciro Rizzo !

Ses tableaux illuminés déclenchent des images cosmiques et magiques. Cette nature représentée dans son intimité accompagne l’homme dans sa grandeur ou sa détresse. Elle crie sa force de vie.

La liberté picturale de l’artiste acquise lors de son long parcours dévient alors évidence : évidence d’une figuration existentielle.

Marie Vitoux